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Dans notre rapport culturel avec nos déjections, il est instructif de méditer sur le texte suivant. Malheureusement toutes les excuses sont bonnes pour ne pas passer à l'action. Pour en voir des exemples teintés d'humour, cliquez ici.

Texte de Joseph Országh.

Le présent chapitre est adapté d'un texte original destiné à une publication collective: « Notre relation à nos déjections » dont la première publication sur www.eautarcie.com remonte à 2004

Adaptation du texte original et première publication de la présente page sur www.eautarcie.org : 2009-10-09

Mise à jour : 2017-10-31


Notre relation à nos déjections

« Ainsi le sage a-t-il dit:
Accepter toutes les immondices du royaume,
C'est être le seigneur du sol et des céréales. 
 »
Lao-Tseu, Tao-Tö king 78e chapitre

La santé du sol conditionne aussi la nôtre

L'objet de ce chapitre, est d'attirer l'attention sur les relations qui lient notre santé à celle des sols qui produisent notre alimentation. Vous pouvez évidemment « sauter » ce passage plutôt théorique et entrer dans le vif du sujet, en passant au paragraphe suivant.

La révolution verte du 20e siècle a entraîné le monde agricole dans une impasse suicidaire, alors que son objectif était de sortir l'humanité de la disette ancestrale. Les spécialistes ne réalisent pas encore que le problème trouve son origine dans la volonté de « dominer » la production alimentaire, arracher à la terre le maximum de rendement. Le rendement à l'hectare est devenu une sorte d'obsession pour les techniciens de l'agriculture. L'introduction des engrais de synthèse a entraîné automatiquement les besoins en produits phytosanitaires. Ceux-ci ont détruit, saccagé les écosystèmes agricoles à un point tel qu'actuellement plusieurs se demandent si l'on pourra se passer de l'étape ultime de la destruction du milieu agricole par les organismes génétiquement modifiés. Cet engrenage diabolique a déjà provoqué des accidents de santé spectaculaires, mais il y a beaucoup à parier que le pire est encore à venir.

Joseph Országh a souvent discuté avec des collègues des facultés des sciences agronomiques sur la production alimentaire. Ils faisaient toujours valoir l'argument suivant lequel sans les techniques agricoles intensifiées modernes, l'humanité crèverait de faim. Nous sommes d'avis que ce problème n'est pas aussi simple pour qu'on puisse le ramener à des chiffres de production. Les rendements agricoles ont effectivement augmenté, mais on oublie trop souvent que:

On devrait s'étonner de lire les consignes données aux agriculteurs qui apportent un échantillon de leur terre pour analyse dans un laboratoire spécialisé. Les intéressés doivent préalablement répondre à un questionnaire relatif aux récoltes obtenues sur la parcelle de terre et la culture projetée.

L'analyse porte habituellement sur des nutriments (azote, phosphore, potassium) et quelques éléments (magnésium, manganèse, zinc, cuivre, etc.). Afin d'obtenir le rendement optimal pour la culture projetée, un bilan de nutriments est dressé sur base de cette analyse. Le nombre de kilos d'azote, de phosphore, de potassium, etc., à l'hectare avait ainsi été déterminé.

Ce type de démarche trahit une méconnaissance totale des relations intimes qui existent entre la terre et la plante.

Le sol n'est pas un milieu minéral dans lequel poussent les végétaux qui ont besoin de nutriments. La terre fertile est un milieu dans lequel vivent en symbiose les végétaux et des milliards d'organismes pour assurer le développement de plantes. Celles-ci stockent l'énergie solaire sous forme de biomasse.

Les anthroposophes ont une vision un peu différente de ces relations. Ils estiment que la croissance des plantes nous relie directement au Cosmos [1].

[1]
D'après eux, il n'est pas exagéré de dire que l'ensemble des organismes qui vivent dans le sol constitue une sorte de « super être vivant ». Les engrais chimiques détruisent cet organisme. De ce fait, les plantes nourries chimiquement, malgré les apparences, sont malades, ce qui attire automatiquement les parasites. Cette situation a fait naître l'usage des pesticides. Or les parasites, ne font rien d'autre que le travail sanitaire pour éliminer les sujets malades. La santé de la plante dépend de celle du sol. Pour approfondir le sujet, il faut lire le « Cours aux agriculteurs » de Rudolf Steiner, paru aux Editions Antroposophiques Romandes, Cf. réf. 2. Cet ouvrage est la « bible » des bio-dynamistes. Ceux-ci ont tendance à faire des raccourcis entre les relations exposées par Steiner. Dire que « les planètes influencent le développement des plantes » dépasse un peu sa pensée. Steiner n'a fait qu’affirmer que le mouvement des planètes constitue une sorte d'« horloge cosmique » qui indique certains moments de ce développement. Depuis le milliard d'années de vie végétale, le biorythme des plantes s'est adapté à l'environnement cosmique de la Terre. Ce n'est donc pas étonnant d'observer expérimentalement des corrélations entre la position des planètes (et de la Lune) et l'état de développement (ou des propriétés) des plantes.

Nous savons aussi que sans les plantes, il n'y a pas de vie animale, ni de vie humaine. D'un autre côté, l'animal et l'humain sont aussi indispensables pour les plantes: leurs déjections et leurs dépouilles, avec celles des plantes, nourrissent l'ensemble des êtres vivants du sol. Ainsi, le cycle est bouclé. Lorsqu'un de ces éléments de la chaîne est malade, l'ensemble est malade.

La plupart des traditions, dont la nôtre, accordent un rôle fondamental à la terre. L'homme a été créé à partir de la terre et, après la mort, il redevient terre. N'est-ce pas une belle illustration des grands cycles naturels? Nos relations avec la terre constituent un élément d'une importance capitale pour le devenir de l'humanité. La tradition judéo-chrétienne a occulté le chaînon de notre retour à la terre en attribuant les pires abominations à nos déjections. Ce dérapage a des conséquences environnementales tellement importantes qu'on ne peut les comparer qu'aux conséquences de l'effet de serre dues en partie à la combustion irresponsable de nos réserves de carburant fossile, de l'autre à la destruction massive de la biomasse sous prétexte d'épuration et de valorisation énergétique. Sur le plan scientifique, l'émergence au 19e siècle de l'hygiénisme et celle du génie sanitaire ont profondément modifié ce rapport, malheureusement pas dans le bon sens.

Notre répulsion vis-à-vis de nos déjections

Le nœud du problème se situe au niveau de nos relations avec nos déjections. Au lieu de développer une vision pragmatique, nous essayons d'escamoter ces relations dans les sens propre et figuré du terme.

Suivant la tradition, le sommeil est à l'image de la mort. De même, la défécation nous conduit aussi un peu dans l'antichambre de la mort, mais, comme dans le sommeil, cette mort n'est pas définitive, elle est le point de départ d'une vie nouvelle.

L'usage d'une TLB touche à notre conditionnement, à notre éducation pendant les premières années de notre vie. Dès son plus jeune âge, l'enfant apprend qu'il doit se méfier de ses déjections, car elles sont « sales » et porteuses de maladies. L’odeur développée par ses excréments viendra appuyer cette sentence des adultes. Avant l'âge de 2 ans, nous sommes « formatés » sur de nombreux points. Certains peuvent modifier le programme initial, d'autres pas [2].

[2]
Dans ses conférences sur la TLB, Joseph Országh raconte parfois l'histoire de la petite Florentine dont les parents ont adopté la TLB avant sa naissance. Même très petite, il y avait déjà de la litière dans son petit pot de chambre. Ses parents, militants des Amis de la Terre, parlaient souvent de la « pollution de l'eau ». Florentine a donc compris cette chose à son niveau. C'est à l'âge de 5 ans, à l'occasion d'une visite chez des amis, qu'elle a vu la première fois un WC à chasse. Elle en sortait aussitôt, en précisant à sa mère que « il y a de l'eau dans le pot ». Sa mère l'a rassurée en disant que c'était un pot avec de l'eau. Après quelques dizaines de secondes Florentine est de nouveau ressortie du W.-C. en déclarant que « ça ne va pas du tout ». À la demande de sa mère, elle a déclaré: « Mais on ne peut tout de même pas salir l'eau, ce n'est pas bien! ». Dans ce mot d'enfant, il y a plus de sagesse et de bon sens que dans un gros volume de science de génie sanitaire.

Comme l'exprime aussi Joseph Jenkins,

« Le problème n'est donc pas d'ordre pratique, mais psychologique. De nombreuses personnes peuvent estimer que l'idée de composter leurs propres excréments est indiqne d'elles. En Inde, une telle tâche est reléguée aux « Intouchables », la plus basse caste de la société. L'action de transporter un contenant rempli de ses propres excréments vers un bac de recyclage est un acte d'humilité, et l'humilité se fait parfois rare. » [3].

[3]
extrait tiré de « Le petit livre du fumain: manuel de compostage de fumier humain », page 150, Éditions Écosociété, 2017, version française de « The Humanure Handbook: A Guide to Composting Human Manure », page 156, Éditions Joseph Jenkins Inc., 3e édition, 2005.

A partir de cette répulsion inculquée naissent les aberrations qui touchent la santé, l'hygiène, l'agriculture et l'assainissement. En fin de chaîne, c'est la destruction des écosystèmes. Ces aberrations désorganisent et détruisent complètement l'unité constituée entre l'homme, l'animal, la plante, le sol, l'eau et l'environnement. Cela peut paraître incroyable, mais dans les pages de ce site, vous trouverez la démonstration scientifique du fait, que mis à part des problèmes énergétiques, tous les problèmes environnementaux trouvent leur origine dans cette erreur de base.

Hygiénisme: idéologie du développement insoutenable

Hygiénisme et santé

La répulsion vis-à-vis des déjections, a développé une vision éloignée des réalités concernant les relations entre les microorganismes et la maladie. Pendant que tout l'arsenal technique de la biologie et de la médecine a été mobilisé pour prouver que la plupart des maux affligeant l'humanité trouvent leur origine dans ces êtres microscopiques présents dans les déjections humaines et animales, on a un peu perdu de vue que depuis des milliers de générations, notre système immunitaire a génétiquement été programmé pour vivre dans un équilibre dynamique avec ces êtres microscopiques. Par contre, les réactions aux biocides de synthèse n'ont pas été incorporées dans ce programme. Les médecins qui soignent les affections allergiques pourraient en dire plus. Les microorganismes les plus dangereux sévissent précisément en milieu hospitalier où l'hygiénisme est de rigueur.

La vision hygiéniste a abouti à un véritable désastre sur le plan de la gestion de l'eau dans le monde. Outre le problème de l'eau potable, cette vision a assimilé l'eau à un produit qui purifie, lave et emporte toutes les saletés. Ce qu'elle a par contre oublié, c'est qu'en emportant nos « saletés » l'eau aussi est souillée.

La gestion des eaux usées

Qu'à cela ne tienne – disent les techniciens en génie sanitaire – nous allons l'épurer. C'est à ce niveau que commence une série d'options techniques incorrectes qui font de l'eau dans le monde un problème environnemental, économique et politique de premier ordre. Le plus grave est que le monde de la haute finance qui se trouve derrière les industriels de l'eau dispose des moyens pour infléchir les décisions des fonctionnaires et des hommes politiques en matière de gestion de l'eau. C'est la raison par laquelle la législation de l'eau dans le monde barre la route à l'extension de toute technique basée sur une vision plus réaliste de prévention des problèmes. La désinformation du public bien conditionné par plus d’un siècle de pensée hygiéniste constitue la garantie de pérennité de l'aberration institutionnalisée pour la gestion de l'eau. Nous sommes entrés dans une spirale d'escalade de pollution – dépollution où les ressources de plus en plus rares en eau glisseront progressivement dans les mains de ceux qui les utiliseront comme moyen de pression, de chantage et de domination.

Une des conséquences la plus grave de la conception hygiéniste est le développement d'une véritable phobie irrationnelle (et névrotique) des déjections qui barre la route à leur réintroduction dans le cycle de formation des sols. Les incohérences scientifiques de la position officielle font légion dans ce domaine. On a peur d'utiliser le produit obtenu après 2 années de compostage des effluents d'une toilette sèche, mais on admet (on encourage même) l'épandage des gadoues des fosses septiques sur les terres agricoles. Même en infiltrant dans le sol ses eaux savonneuses non fécales, le législateur de tous les pays, sous prétexte de « polluer les eaux souterraines par une contamination fécale » interdisent aux usagers des toilettes sèches de déverser leur eaux savonneuses dans un puits perdant, pourtant efficace et surtout très bon marché.

Le virage vers la gestion durable ne viendra jamais du monde politique, ni de spécialistes de l'eau au service des industriels. Il appartient à la partie du public bien informé – voire même éclairé – de changer les choses.

Pour ce faire, le point de départ est de prendre pleinement conscience du fait que les déjections humaines et animales ne sont pas des déchets à éliminer sous prétexte d'épuration ou de dé-pollution, mais qu'elles font partie intégrante de la biosphère. Elles constituent le chaînon qui nous relie à la terre. La santé de celle-ci en dépend et déterminera l'alimentation des générations futures et peut-être la possibilité de vie même sur cette planète. Il est vraiment peu probable que des techniciens de l'eau arrivent un jour à cette conclusion, sans la pression de l'opinion public.

Pourtant l'idée n'est pas nouvelle. Que disait à ce sujet, il y a bien plus d'un siècle, Victor HUGO dans « Les misérables » ?

« Paris jette par an 25 millions à l'eau. Et ceci sans métaphore. Comment et de quelle façon? Jour et nuit. Dans quel but? Sans aucun but. Avec quelle pensée? Sans y penser. Pour quoi faire? Pour rien. Au moyen de quel organe? Au moyen de son intestin. Quel est son intestin? Son égout. 25 millions, c'est le plus modéré des chiffres approximatifs que donnent les évaluations de la science spéciale. La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd'hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais est l'engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c'est Eckelberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l'engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu'au temps d'Abraham. Le froment chinois rend jusqu'à cent vingt fois la semence. Il n'est aucun guano comparable en fertilité aux détritus d'une capitale. Une grande ville est la plus puissante des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier? ... On le balaye à l'abîme. On expédie à grands frais des convois de navires afin de récolter au pôle austral la fiente des pétrels et de pingouins, et l'incalculable élément d'opulence qu'on a sous la main, on l'envoie à la mer. Tout engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d'être jeté à l'eau, suffirait pour nourrir tout le monde. Ces tas d'ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boues cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux sur la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé cache (N.B. Il s'agit des égouts) savez-vous ce que c'est? C'est de la prairie en fleur, c'est de l'herbe verte, c'est du serpolet et du thym et de la sauge, c'est du gibier, c'est du bétail, c'est le mugissement satisfait des grands bœufs le soir, c'est du foin parfumé, c'est du blé doré, c'est du pain sur votre table, c'est du sang chaud dans nos veines, c'est la santé, c'est la joie, c'est la vie. Ainsi le veut cette création mystérieuse qui est la transformation sur la terre et la transfiguration dans le ciel. » (Texte lu par Danielle BAILLY)

D'une manière plus pratique, disons que les déjections humaines (issues des WC) et celles de nos animaux (issues des élevages hors sol) n'ont pas leur place dans l'eau. Le gâchis réalisé par leur rejet dans l'eau et la volonté d'épurer à tout prix est la cause numéro un de la dégradation de nos écosystèmes dans lesquels l'eau est de plus en plus malade et devient de plus en plus rare. En ce sens, le principe même de l'épuration des eaux usées urbaines est incompatible avec le concept du développement soutenable. Lorsque les techniciens en génie sanitaire réaliseront le fait qu'il faut absolument éviter d'épurer les eaux usées urbaines ils auront fait un pas géant vers l'assainissement réellement durable. Les eaux usées doivent et peuvent être réutilisées intégralement.

Lire à ce sujet les chapitres consacrés à l'assainissement écologique.

Pour continuer la lecture, passer au chapitre sur Les trois générations de toilettes sèches.

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