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Dans les villes gigantesques des pays en voie de développement (PVD), il y a de graves problèmes d'eau, aussi bien dans le domaine de l'assainissement que celui de l'approvisionnement. Les solutions proposées par les multinationales de l'eau sont trop chères et ne sont pas à la portée des pays pauvres. En dépit de cela, sous la pression des multinationales, des réalisations (réseaux d'égouts, stations d'épuration, des systèmes de distribution, etc.) sont placées – au prix d'un endettement de ces pays.

Un certain nombre de cadres des services d'eau des pays pauvres se sont intéressés – à titre individuel – aux solutions simples, très bon marché et surtout efficaces de l'EAUTARCIE. Ils avaient la possibilité de suivre des stages de formation en Belgique où, à côté des solutions classiques, ils ont eu l'occasion de connaître nos solutions. Dans plusieurs cas, au retour dans leur pays, ils avaient l'intention ferme de les placer, au moins à titre expérimental. C'était sans compter sur la vigilance des représentants des sociétés multinationales d'eau, toujours sur place. Profitant de la corruption présente dans ces pays, les techniques proposées par ces sociétés n'ont eu aucune difficulté à s'imposer devant les techniques alternatives.

Première publication du texte de la présente page sur www.eautarcie.com : 2008

Adaptation du texte original et première publication de la présente page sur www.eautarcie.org : 2009-12-30

Mise à jour : 2016-09-26


L'EAUTARCIE dans les pays en voie de développement (PVD)

La récupération de l'eau de pluie

Lorsqu'il n'y a pas de courant électrique

On me pose souvent la question de savoir si le système PLUVALOR peut être installé dans les villages isolés des PVD où il n'y a pas de réseau de courant électrique.

Dans ce cas, vous ne pouvez évidemment pas mettre l'eau dans une canalisation sous pression. Il n'en est pas moins vrai, que l'eau de pluie constitue même ici, un facteur de confort dans l'habitation. En milieu tropical, l'eau de pluie stockée dans une citerne enterrée en béton ou en maçonnerie se conserve dans un état impeccable. Elle conserve une fraîcheur étonnante, de 18 à 20°C. Le problème est d'en disposer toute l'année, même pendant la saison sèche. Plus cette saison est prolongée, plus il faut augmenter la capacité de la citerne.

Il va de soi, que le système PLUVALOR classique peut être installé même dans les habitations modestes des quartiers périurbains. Cette installation est facilitée par la présence d’un réseau électrique.

Le calcul de la capacité de stockage

Ce calcul est simple. Afin de connaître la quantité d'eau récupérable par an, on multiplie la superficie au sol du toit de captage (exprimée en m²) par la pluviosité moyenne annuelle du lieu (exprimé en mètres).

En faisant l'hypothèse d'une consommation régulière pendant toute l'année, on divise donc le volume obtenu par 12, pour obtenir la quantité d'eau disponible chaque mois. La capacité de la citerne sera ce volume mensuel, multiplié par la durée de la saison sèche exprimée en mois.

A titre d'exemple, prenons une maison d'habitation de 50 m² au sol en zone tropicale où la pluviosité annuelle est de 1400 mm ou 1,4 m avec une saison sèche de 5 mois par an. La quantité d'eau annuellement récupérable sera donc 50 x 1,4 = 70 m³. En tenant compte de 10 % de pertes (évaporation, entretiens, trop-plein éventuel, etc.) nous tablerons sur 63 m³. Le ménage disposera donc de 63 000 litres divisés par 365 jours = 173 litres d'eau en moyenne par jour. Compte tenu de la consommation moyenne africaine (surtout en milieu rural) de l'ordre de 25 litres par personne par jour, l'eau ainsi récoltée couvrira les besoins de 6 à 7 personnes. Il est rare qu'il y ait plus d'habitants dans une maison de 50 m² au sol.

Pour pouvoir calculer la capacité de la citerne, on tiendra compte du fait que pendant 7 mois, il entrera dans la citerne en moyenne 63/7 = 9 m³ d'eau par mois. La consommation mensuelle moyenne est de 63/12 = 5,25 m³. La capacité théorique de la citerne sera donc 5 x 5,25 = 26,25 m³. En réalité, la pluviosité peut changer d'un mois à l'autre. D'un autre côté, parfois la saison sèche ou la saison des pluies peut se prolonger. Cela entraîne évidemment une demande accrue de capacité de stockage. Dans ce cas, on peut admettre qu'une citerne de 28 à 30 m³ permettra la récupération de la presque totalité des précipitations. Avec une consommation moyenne mensuelle de 5 m³ la soudure sera faite entre deux saisons de pluies.

Matériaux pour le toit et les gouttières

La tôle ondulée en fer galvanisé ou en plastique convient parfaitement pour la récupération de l'eau de pluie. Les toits classiques en tuiles également. Les toits en chaume, en paille, en bois ou en feuilles de palmier ne conviennent pas. Pour les gouttières, on peut utiliser le fer galvanisé, le zinc, le plastique ou la terre cuite (de préférence émaillée à l'intérieur). À la limite, on peut utiliser du bambou ou du bois, mais dans ce cas, il faut veiller à ce que l'eau ne puisse jamais stagner dans les gouttières.

Puiser l'eau dans la citerne

Lorsqu'il n'y a pas de courant électrique, la solution triviale consiste à aménager une trappe légère pour accéder facilement à la citerne. Par cette trappe, à l'aide d'une corde, on descendra un seau pour y puiser l'eau. On stockera l'eau dans la maison, de préférence, dans des grandes jarresen terre cuite, dont uniquement l'intérieur est émaillé. Pour conserver la fraîcheur de l'eau, on mouillera de temps à autre l'extérieur non émaillé de la jarre.

On peut aussi installer une pompe manuelle ou une petite pompe électrique actionnée avec du courant d'un panneau photovoltaïque.

Pour la production d'eau chaude, on installera un fût métallique ou en plastique peint en noir, de 50 à 200 litres, placé au sommet d'une sorte de tourelle pour être exposé au soleil. Au bout de quelques heures l'eau y est chaude et peut alimenter un robinet ou même une douche. Cette installation sera évidemment alimentée, de préférence non pas avec l'eau de pluie (qu'il faut économiser), mais avec d'autres sources, comme l'eau d'une rivière, d'un puits ou d'une source. Pour l'hygiène personnelle, il ne faut évidemment pas de l'eau de qualité potable. L'eau de moindre qualité suffit.

Toutefois, si l'on dispose d'un toit suffisamment grand, on peut évidemment envisager la production d'eau chaude sanitaire au départ de la citerne.

La production d'eau potable

Le premier principe de base de la gestion durable de l'eau consiste à adapter la qualité de l'eau aux usages qu'on en fait. Les besoins quotidiens en eau rigoureusement potable d'une personne ne dépassent pas 5 litres. Le problème majeur des PVD est la pénurie d'eau de bonne qualité et la volonté d'utiliser de l'eau déclarée potable pour tous les usages. Le système PLUVALOR s'inspire d'une approche pragmatique: on donne la priorité à la production de 5 litres d'eau potable de haute qualité par jour par personne au départ de l'eau de pluie. Pour les usages non alimentaires, on se contentera de l'eau de moindre qualité provenant d'autres sources. C'est sans aucun doute l'intérêt majeur du système PLUVALOR, surtout dans les pays où l'eau potable de bonne qualité est inaccessible ou rare. On réservera donc en priorité l'eau de pluie pour la production d'eau potable.

L'eau destinée à la boisson directe sera préparée au départ de la citerne, à l'aide d'un système de microfiltration par gravité. De tels systèmes sont vendus depuis longtemps dans le commerce spécialisé. Il s'agit d'un réservoir d'une dizaine de litres muni d'un couvercle, dont le fond supporte les cartouches de filtres céramiques. A travers ces filtres, l'eau filtrée coule goutte-à-goutte dans un récipient placé en dessous. Le bas de ce récipient est muni d'un robinet pour soutirer l'eau potable.

L'installation des petites citernes à eau de pluie qui ne servent que pour la production d'eau potable, avec systèmes domestiques de filtration sur céramique, est la solution de loin la moins onéreuse pour donner à boire à tous, de l'eau de haute qualité et cela, partout dans le monde.

Dans le cadre des programmes de développement rural, on peut parfaitement financer l'achat groupé de systèmes domestiques de microfiltration sur céramique, revendus à la population pour un prix accessible.

Une autre option consiste à financer la mise en place d'une industrie locale pour la fabrication de filtres céramiques. Cette technologie, relativement simple, peut être maîtrisée et simplifiée par les artisans locaux de fabrication de poteries [1]. Quelques usines, installés en Afrique par exemple, pourraient couvrir le marché pour tout un continent.

[1]
Un artisan qui fait de la poterie, peut mettre au point des jarres filtrantes dont le fond mince n'est pas émaillé. Il faut faire des essais et des analyses pour évaluer le degré d'élimination des bactéries. Dans le fond de cette jarre, on peut également mettre un lit de charbon de bois granulé (faire des essais). C'est pour améliorer le goût de l'eau filtrée. On recueillera l'eau qui s'écoule goutte à goutte de la jarre filtrante, dans une autre jarre émaillée seulement à l'intérieur (jarre de stockage). L'extérieur non émaillé sera régulièrement humidifié pour abaisser la température de l'eau filtrée. Pour soutirer l'eau potable, on placera un robinet dans le bas de la jarre de stockage.

L'importance de l'éducation de la population

La production d'eau potable de qualité dans les pays en voie de développement est une priorité. Grâce à l'eau de pluie, avec des investissements vraiment modestes, tout le monde, sans exception pourrait en disposer facilement. Pour les autres usages, l'eau de moindre qualité (rivière, source, puits) suffit.

Récupérer l'eau de pluie n'est, en général, pas dans les traditions ou les coutumes des populations intéressées. L'usage du système, tout en étant simple, demande un certain apprentissage.

La filtration de l'eau de pluie pour faire de l'eau potable dans l'habitation est simple à apprendre. On verse l'eau de la citerne dans le réservoir supérieur et on récupère l'eau filtrée dans le réservoir inférieur. Quand, au bout de quelques heures, il n'y a pas assez d'eau filtrée, il est temps de nettoyer les cartouches de céramique. Ceci se fait dans un seau d'eau non potable, avec une brosse à ongles propre, réservée à cet usage.

La plus difficile à apprendre est le fait que l'eau de pluie, tout en étant renouvelable, soit une ressource limitée dont il faut user avec parcimonie. Pour ne pas vider trop rapidement la citerne, il y a un apprentissage de gestion responsable. Le meilleur moyen est de faire prendre conscience de la quantité d'eau disponible tous les jours.

La production d'eau de qualité inoffensive à usage non alimentaire

Il vaut mieux admettre une fois pour toutes que la volonté de rendre potable l'eau pour tous les usages ne fait pas partie du concept de gestion durable de l'eau.

Nous ne pouvons pas répéter suffisamment que dès le moment où, grâce à la filtration de l'eau de pluie, on dispose de l'eau de haute qualité pour la boisson, pour les autres usages (hygiène personnelle, cuisson des aliments, lessive, vaisselle) on peut avoir recours aux sources d'eau disponibles: puits, rivière, lac, source, sans nécessairement la rendre potable au point de vue légal. Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est la désinfection chimique (par le chlore ou des « pilules désinfectantes »). L'eau chimiquement désinfectée déprime le système immunitaire de l'usager, même à usage externe. Les nourrissons et les jeunes enfants sont particulièrement sensibles à la désinfection chimique. Celle-ci empêche la formation et le développement d'un système immunitaire fonctionnel. Si, pendant les trois premières années de vie, à cause de la désinfection de l'eau, le système immunitaire de l'enfant ne peut pas se développer, celui-ci fonctionnera mal pendant toute sa vie. Les premiers signes de cette situation est la sensibilité accrue aux maladies virales et l'émergence précoce des problèmes d'allergie de toutes sortes. Par après, la tendance aux maladies de dégénérescence est également accrue.

Donc la baignade des jeunes enfants (surtout des nourrisons) dans une eau chimiquement désinfectée, comme l'eau de distribution, prépare le terrain à des problèmes de santé autrement plus graves que ceux susceptibles d'apparaître en l'absence de désinfection. Ces problèmes n'apparaissent souvent qu'après de longues années d'usage de l'eau désinfectée.

L'eau d'une rivière ou d'une source contaminée par des bactéries fécales, ne convient pas pour les usages domestiques. Heureusement, grâce au processus naturel de la photo-épuration, à l'instar de l'épuration naturelle des, eaux grises, une telle eau peut facilement être améliorée. Pour cela, on aménagera un système de deux ou de plusieurs plans d'eau artificiels en série pour la purification. Il s'agit de bassins creusés dans le sol, avec une faible profondeur: 30 - 40 cm dans les zones près du bord et de 80 à 120 cm dans la zone centrale. Ces bassins seront rendus étanches à l'aide d'une bâche en matière plastique. On y installera aussi des plantes aquatiques. On y interdira l'accès des canards, des oies et d'autres animaux. L'installation de certains poissons (ou mieux: des grenouilles et des salamandres) est souhaitable. C'est pour détruire les larves des moustiques.

L'eau polluée (de la rivière par exemple) y subira une épuration dite « tertiaire » par l'élimination des nitrates et des phosphates (souvent d'origine fécale) par les plantes. Grâce à la lumière de jour, les polluants organiques (résidus de détergents, matière fécale non décomposée, bactéries) subissent un phénomène naturel de coagulation et de floculation. On y observera donc une décantation des polluants et une clarification - souvent spectaculaire - de l'eau. Les polluants floculés se déposent au fond du bassin. Des bactéries les prennent en charge pour achever leur élimination (avec la formation de l'eau et de dioxyde de carbone). Dans les eaux clarifiées, les rayons UV du soleil achèvent la purification par l'élimination des bactéries pathogènes. Afin de faciliter les différents phénomènes de purification par l'air, on peut également y installer une fontaine actionnée par des panneaux photovoltaïques ou par des éoliennes.

J'ai eu l'occasion d'expérimenter le pouvoir purifiant de tels plans d'eau. En y déversant - via une fosse et une tranchée filtrante, des eaux usées (eaux grises) domestiques, l'eau de l'étang répondait bien souvent aux normes pour l'eau potable. Cependant, chaque cas constitue un cas particulier. Quand l'eau à purifier de la rivière contient trop de nitrates (d'origine fécale ou agricole) et trop de phosphates (d'origine fécale ou provenant des lessives), des algues filamenteuses ne tardent pas à s'y développer. Ces algues doivent régulièrement être enlevées. Après compostage, elles donnent un excellent amendement agricole organique.

Les dimensions d'un tel système de purification dépendent de la qualité de l'eau à traiter et aussi de la quantité d'eau purifiée que l'on souhaite en prélever chaque jour. Dans la majorité des cas, une durée de rétention de l'ordre de 3 à 4 semaines donne un résultat tout à fait remarquable.

Après prélèvement (à l'aide d'une pompe par exemple), au cas où la qualité ne serait pas suffisante, l'eau peut passer par un lit filtrant composé de gravier, du sable, du charbon de bois et des granulés de calcaire. Avec une telle installation, on peut approvisionner des centaines, voire des milliers de personnes en eau de qualité inoffensive pour tous les usages non alimentaires. L'eau ainsi produite peut donc ne pas répondre aux normes pour l'eau potable, mais son absorption en petites quantités ne nuit pas à la santé.

Le système décrit ci-dessus constitue une solution alternative aux traitements chimiques (floculation avec des sels d'aluminium, décantation, filtration, désinfection, etc.) de l'eau de la rivière pour la distribution. On utilise ici le pouvoir d'autoépuration des eaux naturelles.

Remarque: Il ne faut pas oublier qu'à long terme, dès le moment où l'on applique, d'une façon généralisée tous les principes de l'assainissement écologique, le secteur domestique cesse de polluer l'eau des rivières. En l'absence de pollution agricole et industrielle, l'eau des rivières retrouve sa pureté originelle. On pourra y puiser l'eau pour la distribution ou directement pour les usages domestiques non alimentaires, sans aucun risque sanitaire. Le passage à l'agriculture biologique élimine la pollution d'origine agricole (résidus d'engrais et de pesticides).

Récupérer l'eau de pluie dans le désert

L'eau de pluie peut devenir la source unique d'eau dans le désert. Prenons le cas de la région centrale du Sahara où la pluviosité moyenne est de 20 mm par an. Cela représente une averse de 40 mm en moyenne tous les deux ans. Il faut donc récupérer l'eau de cette unique averse et la conserver en bon état pendant au moins deux ans. Certains points d'eau naturels sur les routes des caravaniers sont des cavités rocheuses (grottes) souterraines où l'eau des précipitations s'accumule naturellement et se conserve en très bon état. On peut créer artificiellement de tels points d'eau.

Heureusement l'espace ne manque pas dans ces régions. Avec une surface de captage d'un hectare, on peut théoriquement récupérer annuellement en moyenne 200 m³ d'eau. Compte tenu du fait, qu'il faut attendre en moyenne 2 ans pour une averse, il faut donc prévoir une capacité de citerne d'au moins 400 m³ par hectare de captage. Un tel point d'eau peut fournir environ 500 litres d'eau par jour.

On enterrera donc une citerne en béton de capacité souhaitée, au point bas d'un terrain de captage en légère pente. Sur un lit de sable bien lissé, on étalera des feuilles de PVC soudées ensemble pour faire une surface étanche. Afin de protéger la feuille de plastique de la détérioration par les rayons UV du soleil, on la couvrira d'une couche de 20 cm de galets ou de gravier lavé(s). Une clôture de protection empêchera de marcher sur l'aire de captage. L'eau de pluie traversera le lit de galets ou de gravier et ruissellera vers l'avaloir de la citerne situé en contrebas.

Avec des installations plus grandes (plusieurs km² de surface de captage) on pourrait même créer des oasis. Afin de limiter les évaporations, dans ces oasis artificielles, il faudrait être attentif sur la couverture permanente du sol des cultures par des végétaux morts (feuilles, herbes coupées, etc.).

Le seul danger de ce type d'installation est représenté par les tempêtes de sable.

La gestion durable des eaux usées urbaines

Dans les régions tropicales

Comme nous l'avons déjà signalé précédemment, une proportion croissante de la population vit dans des (bidon)villes où les conditions d'hygiène laissent souvent à désirer... L'absence d'égouts est toujours citée comme la cause principale de manque d'hygiène. La relation entre l’absence d'égouts et les problèmes sanitaires nous semble tendancieuse, mais chacun a son idée là-dessus... D'un autre côté, les rivières traversant ces villes – souvent énormes et surpeuplées – véhiculent une contamination d'origine fécale considérable, ce qui compromet la qualité de l'eau distribuée.

Les égouts d'un type nouveau

Le placement des égouts et la construction des stations d'épuration sont présentés comme la solution unique pour assainir le milieu urbain. Ces options demandent des investissements importants qui ne sont malheureusement pas à la portée de ces populations.

Même le placement des égouts ne résout pas tous les problèmes liés aux eaux usées. L'expérience des centaines de villes montre que dans les régions tropicales en saison de pluies, les égouts sont incapables d'absorber l'eau des précipitations. Le débordement des égouts déverse sur la voie publique les eaux usées avec toute la contamination fécale, vecteur de maladies. De même, les stations d'épuration sont souvent débordées par les pluies tropicales diluviennes et la charge polluante des villes se déverse sans épuration dans la rivière qui fournit l'eau potable à la population qui habite en aval.

Dans ces conditions, comment trouver une solution satisfaisante à la gestion des eaux urbaines?

Pour commencer, il faut absolument diviser la ville en zones à habitat vertical (les centres urbains) et en zones à habitat familial. Dans le premier, on peut, du moins provisoirement, conserver la solution actuelle: la collecte et l'épuration collective des eaux. A plus long terme, on peut envisager la transformation du système de collecte suivant les recommandations formulées à la page consacrée au système SAINECO en ville. Heureusement, les zones à habitat vertical représentent une proportion relativement faible du territoire urbain. La majorité de la population vit dans des maisons familiales, entourées de petits jardins.

En matière de collecte, dans ces zones périurbaines on se contentera de collecter les eaux pluviales de la voirie dans des caniveaux recouverts de plaques de béton ajourées. Le placement de ces caniveaux est bien moins cher que celui des égouts. À la limite, ces caniveaux pourraient aussi absorber les eaux grises provenant des habitations. Ce qu'il faut alors interdire rigoureusement comme rejet dans ces caniveaux, c'est le déversement des eaux-vannes (eaux fécales). Si ces caniveaux absorbent aussi les eaux grises, il vaut mieux qu'ils soient non étanches pour permettre l'infiltration des eaux dans le sol. Mais nous allons voir qu'après adoption des techniques de gestion durable, ces caniveaux ne recevront d'eaux grises – et encore partiellement – que pendant la saison des pluies (quand on n'a pas besoin d'eau d'irrigation au jardin).

L'agriculture urbaine et la gestion durable de l'eau

Les zones périurbaines avec les jardins représentent dans ces pays un potentiel de production alimentaire non négligeable. Lors de l'installation de nouveaux quartiers, l'urbanisme devrait même prévoir des zones enclavées dans le tissu urbain pour la production maraîchère à très haut rendement, avec des petites parcelles mises à la disposition des familles. Avec l'augmentation prévisible du prix des aliments, l'agriculture urbaine deviendra une activité économiquement rentable et écologiquement indispensable. Pour permettre le développement de cette activité vitale, il faut abandonner, une fois pour toutes, l'idée complètement erronée suivant laquelle l'accès aux WC à chasse est la condition nécessaire pour une hygiène domestique. Les toilettes à litière biomaîtrisée ou TLB offrent autant de confort et d'hygiène domestique que les WC classiques. Son acceptation est une question d'éducation à l'environnement et au civisme.

Les effluents des toilettes à litière correctement compostés fourniraient un amendement agricole organique pour assurer les hauts rendements. Le compostage urbain [2] absorberait aussi la partie fermentescible des ordures ménagères, ainsi que les déchets cellulosiques (cartons d'emballage, papiers souillés, déchets verts provenant des jardins privés et publics). Avec une telle option, les poubelles subiraient une « cure d'amaigrissement » tout à fait appréciable (au moins 50% de leur masse). L'absence de déchets organiques gênants et malodorants faciliterait aussi le tri sélectif des autres déchets: métaux, verres pour le recyclage ou la réutilisation, déchets de plastiques pour la valorisation énergétique.

[2]
Contrairement aux idées reçues, le compostage correct des déchets urbains avec les effluents des TLB ne génère pas d'odeurs. Dès le moment où le rapport carbone/azote (C/N) est ajusté correctement, les odeurs disparaissent.

Le déchiquetage des déchets de cartons d'emballage, avec la collecte des feuilles mortes et des déchets verts – tout en créant du travail rémunéré – constituent un potentiel suffisant pour assurer l'approvisionnement en litière des TLB installées dans chaque habitation. Les hautes herbes coupées dans les espaces publics (entretien des parcs?) et autour des villes constituent une excellente couverture du sol (et aussi un amendement organique) dans les cultures pour diminuer les besoins en eau d'irrigation. Dans ces activités, l'application de certains concepts de la permaculture s'impose

En l'absence de production d'eaux-vannes (eaux fécales), les eaux grises (savonneuses) conviennent parfaitement, en saison sèche pour l'irrigation manuelle des petites parcelles de cultures maraîchères et cela, sans le moindre danger sanitaire et traitement préalable. Grâce à la couverture du sol, la production d'eaux grises a des chances de satisfaire la demande en eau de ces cultures. Les caniveaux seront à sec pendant la saison sèche. En saison de pluies, les eaux grises non utilisées pour l'irrigation seront entraînées avec les pluies abondantes vers des zones humides naturelles, avant de rejoindre le cours d'eau le plus proche. On dimensionnera ces zones humides pour une rétention d'eau d'environ 3 semaines. Pendant ce temps, la lumière du jour coagulera les savons et les détergents, ainsi que les bactéries. L'eau clarifiée, déversée dans la rivière ne contiendra ni détergents, ni contamination fécale.

Dans les régions sèches ou désertiques

Comme nous l'avons déjà signalé, dans ces régions, où chaque litre d'eau « vaut son pesant d'or », l'usage des WC et l'épuration des eaux fécales posent un problème éthique grave. Le gaspillage d'eau pour évacuer nos déjections et la destruction de la matière organique sous prétexte d'épuration (même avec les plantes!), diminue la capacité de production alimentaire. On oubliera donc les WC et l'épuration des eaux-vannes (eaux fécales). La première conséquence de la suppression des chasses des WC sera la diminution de la demande en eau des ménages de 25 à 30%.

Ici aussi, on subdivisera les villes en zone à habitat vertical (centre urbain) et en zones périurbaines à habitat familial. Dans la première, la population continuera, comme avant, à utiliser des WC munis de chasses économiques. Les effluents de ces WC seront collectés et traités sélectivement avec l'infrastructure décrite à la page consacrée au système SAINECO en ville. Les eaux grises collectées seraient directement conduites - non pas à une station d'épuration - mais directement vers les terres de cultures à irriguer. De cette manière, la totalité des eaux usées des centres urbains deviendrait disponible pour l'agriculture.

Dans les zones périurbaines, l'usage des WC devrait rigoureusement être interdit [3]. Vu la pluviosité faible, à la limite, ces zones ne devraient même pas être équipées d'égouts. Les eaux grises savonneuses produites serviraient tout simplement à l'irrigation des jardins familiaux. La litière pour les TLB serait essentiellement fabriquée au départ des cartons d'emballage usagés. Au besoin, on utiliserait aussi des végétaux ou d'autres déchets cellulosiques. Le compostage des effluents des toilettes se ferait dans les jardins avec les déchets de cuisine, ceux de jardin et de la partie fermentescible des ordures ménagères. Le compost obtenu servirait à fertiliser les jardins ou les terres de culture.

[3]
L'écobilan du WC à chasse d'eau: la quantité de déjections produites par une personne et transformée en pollution par les nitrates par l'épuration classique, est suffisante pour fertiliser - après compostage avec des végétaux - le lopin de terre qui produit l'alimentation de l'utilisateur du WC L'eau qui sert à évacuer ces déjections suffit bien souvent pour l'irrigation de ce lopin de terre. Chaque utilisateur d'un WC détruit donc chaque année sa propre base alimentaire. A méditer dans un monde déjà surpeuplé...

On sous-estime souvent la quantité de compost que pourrait produire une ville. Compte tenu de l'infrastructure pour le traitement des eaux-vannes, il n'est pas exagéré de dire que les villes deviendront le cordon ombilical de la production alimentaire. Les conséquences de l'utilisation généralisée de cet amendement organique de haute valeur sont multiples. En premier lieu, on retiendra l'augmentation de la teneur en humus des terres, ce qui en augmente la capacité de rétention d'eau. Il en résulte une diminution des besoins en eau d'irrigation, mais aussi une diminution de l'usage des engrais chimiques (moins de pollution et de dépenses énergétiques) et celui des produits phytosanitaires. Dans les zones arides et désertiques, l'augmentation de la teneur en humus diminue le pouvoir réfléchissant (albédo) du sol. Il en résulte une diminution des courants d'air chaud ascendants et une modification progressive du régime de la pluviosité. La (re)conquête du désert est à notre portée, mais il faut une volonté politique pour mettre en place des projets mondiaux de gestion de la biomasse suivant les techniques de Jean Pain et de Paul Moray.

Suggestion à nos amis qui vivent dans les PVD

Merci de signaler à l'équipe EAUTARCIE vos réalisations dans le domaine de la gestion durable de l'eau, en joignant vos coordonnées. Je pense qu'il est intéressant de confronter et de comparer les expériences de chacun. Tout le monde peut apporter sa contribution à l'édification d'un monde nouveau en équilibre.

Ci-joint la première contribution que je reçois de l'île de la Réunion: http://www.eauclaire.fr/eaupluie.html

Pour continuer la lecture, passer au chapitre consacré à l'EAUTARCIE dans les pays nordiques.

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