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Toilettes Sèches
Utiliser une toilette sèche

Notre relation à nos déjections

Culture de merde

Toujours des excuses

Trois générations de toilettes sèches

Mode d'emploi de la TLB

Composition chimique des déjections

Compostage des déjections humaines

TLB dans le commerce

Recherche d'un terme
sur le site eautarcie.org
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Pour compléter votre information, visitez les sites suivants:
- http://www.eco-bio.info
- http://www.terreau.org/
- https://www.ec-eau-logis.com/videotheque/

Pour voir l’interview vidéo de Joseph Országh réalisée par Pierre L’écoleau, cliquez ici.

Pour savoir comment construire sa toilette à litière, cliquez ici, ou téléchargez le schéma en format pdf. [Plans adaptés par Olivier Vienne, d'Écaussine en Belgique]

Pour voir des maisons en « EAUTARCIE », cliquez ici.

Il est instructif de lire un témoignage venant d'Andalousie (Espagne) sur les bienfaits de l'Eautarcie en région sèche.

Pour écouter des extraits radio d'une émission Babylon intitulée « Le caca c'est pas de la Merde! », documentaire de Jonas Pool, réalisé par Jean-Philippe Zwahlen, et diffusée sur la Radio Suisse Romande le 16 septembre 2010, cliquez ici

.

Textes de Joseph Országh et André Leguerrier.

Première publication du texte de la présente page sur www.eautarcie.com : 2003

Adaptation du texte original et première publication de la présente page sur www.eautarcie.org : 2009-10-09

Mise à jour : 2018-12-28


Pourquoi utiliser une toilette sèche ?

APERÇU

Dans la marge gauche de cette page se trouvent les liens qui ouvrent les chapitres qui traitent des différents aspects de l'usage des toilettes sèches.

Le chapitre intitulé « Pourquoi utiliser une toilette sèche? » (page actuelle) expose les possibilités d'utilisation de ces toilettes et les impacts environnementaux. On découvrira aussi « les théories erronées » que l'on entend et lit partout à leur sujet ainsi que les conséquences de leur application. Nous prenons aussi connaissance de « la loi de base » qui régule le fonctionnement des écosystèmes.

Le chapitre « Notre relation à nos déjections » nous plonge dans le le problème posé par notre comportement guidé par des principes non formulés – et scientifiquement erronés – que tout le monde applique sans réfléchir. Notre peur irrationnelle des bactéries fécales et des maladies qu'on leur attribue demande une analyse détachée de « l'idéologie hygiéniste », l'obstacle majeur devant la mise en place d'une gestion durable de l'eau. Nous découvrons aussi que « la santé du sol conditionne aussi la nôtre ». La clef de la santé du sol qui produit notre alimentation est précisément la manière dont nous gérons nos déjections.

Le chapitre intitulé « Trois génération des toilettes sèches » propose une classification de celles-ci basée sur les principes de leur fonctionnement. Après une « description de la toilette à litière » ou TLB, nous découvrons qui utilise ces toilettes, comment la construire, son utilisation collective, et la dépollution (bioremédiation) des sols par la valorisation de ses effluents.

Le chapitre qui expose les aspects pratiques est intitulé « Mode d'emploi de la TLB ». Il y a aussi des indications quant à son usage dans le pays tropicaux et musulmans.

Préambule

Obstacles à l'extension des toilettes sèches

La toilette sèche est actuellement considérée par beaucoup d'environnementalistes comme la seule solution alternative pour un assainissement durable. Par leur démarche, ils ont tendance à culpabiliser les utilisateurs des WC. À notre avis, il serait préférable de replacer la toilette sèche à sa place réelle dans nos préoccupations environnementales.

Sans vouloir dénigrer cette technique, il faut admettre que l’usage de la toilette sèche n'est pas généralisable. Il est illusoire d'espérer son placement dans les villes qui ont tendance au gigantisme. Nous constatons le fait qu'une partie largement majoritaire du public n'acceptera pas son usage, même là où celle-ci est techniquement possible (habitat familial avec jardin). Une partie croissante de l'humanité vit et vivra dans des immeubles d'habitation de grandes villes. Heureusement, nous connaissons la voie vers l’application urbaine du principe de la toilette sèche: non pas la toilette sèche individuelle, mais l’application de son principe à une échelle collective, permettant l'utilisation des WC de façon écologique, c'est-à-dire non raccordés à un système d'épuration.

L'avantage de cette option est de rendre possible, cas par cas, aussi bien l'usage de la toilette sèche individuelle que d'un WC. Le choix reste entre les mains de l'usager.

La promotion des toilettes sèches tourne actuellement autour de deux idées forces: la pollution générée par les WC et le gaspillage d'eau potable dans les chasses. Cette manière de voir induit une vision erronée sur la gestion de nos eaux usées. L'aspect le plus important de celle-ci est la reconnaissance du fait que nos déjections sont une ressource et non pas des déchets – valorisables également en ville avec l’usage des WC. Lorsque l’on fait la promotion inconditionnelle des toilettes sèches à usage individuel, on fait fausse route.

Des ONG travaillant dans les pays en développement font le « réclame » des WC, en le présentant comme « l'ange gardien de la santé ». Par la même occasion, ils désignent les latrines comme la seule solution alternative.

Il y a quelques années, nous étions aussi tentés de dénoncer les WC, en précisant que « le problème se pose au moment où les déjections sont rejetées dans l'eau ». À présent, nous savons que l'eau des chasses « économiques » (ou à faible débit) est indispensable pour le traitement correct des déjections en centre d'imprégnation [1]. Bien entendu, l'eau pour cet usage ne doit pas être de qualité potable. Que l'on veuille ou non, le WC fait partie de notre vie quotidienne. Il s'agit là d'une avancée dans le confort qu'il ne serait pas raisonnable d’abandonner. Il n'en est pas moins vrai que dans les habitations familiales, la TLB reste une solution alternative offrant un confort semblable au WC. Le jour où en milieu rural ou péri-urbain, on laissera le choix à chaque famille entre les deux, la société découvrira que la TLB est la solution la moins chère et la plus rationnelle. Il faut donc laisser le choix à chacun d'opter pour la solution qui lui convient. On réalisera que le choix pour le WC est plus onéreux que l'usage d'une TLB qui nous offre un amendement gratuit et précieux pour fertiliser son jardin, sans parler de la réduction de 20 à 30% de la facture d’eau. (Remarque : la vidange de sa cuve réservée aux eaux-vannes (issues des WC) aura évidemment un coût individuel et collectif.)

[1]
Dans le centre d'imprégnation situé à Moréac en France, les eaux de vidanges sont des eaux combinées: en plus des eaux-vannes, elles contiennent des eaux grises. Les eaux-vannes sont donc diluées, mais grâce à cette dilution, on peut utiliser plus de matières végétales qu'avec des eaux-vannes concentrées. Or à Moréac, cette situation engendre une trop grande quantité d’eau. Elle est – heureusement – évacuée par évaporation, car dans les bassins d'imprégnation, la température peut monter jusqu'à 70°C, dégageant par moment de véritables nuages de vapeur. Avec les eaux-vannes pures, pour une imprégnation correcte, il y aurait trop peu d'eau. En y ajoutant les eaux grises, il y en aurait trop. Selon nos observations, le volume d’eau des chasses d’un WC « économique » représente la quantité juste pour l'imprégnation des matières végétales.

Mais revenons aux recommandations des ONG dans les pays pauvres en développement. Dans ces pays, le placement des latrines collectives (extrêmement polluantes) ne fait que déplacer le problème, sans le résoudre. La TLB préconisée par Joseph Jenkins, comme celle de l'équipe d'Eautarcie, est la solution optimale à tous points de vue: sanitaire, sociétal, économique et environnemental, sans parler de sa simplicité.

Les obstacles devant le placement des toilettes sèches se situent à trois niveaux:

Pourtant, les solutions alternatives coûtent nettement moins chères et sont plus efficaces. [2]

Mais il y a un autre problème. Les différentes toilettes sèches disponibles dans le commerce ont des coûts variables et ont surtout des impacts environnementaux fort différents. Le confort de l'usager et le coût ne sont qu'un aspect à prendre en compte. Lors de l'achat, il faut optimiser tous les aspects. Pour ce faire, une information complète, dépourvue de toute préoccupation commerciale est indispensable. C'est l'objectif du site EAUTARCIE. Les toilettes sèches du commerce sont confortables, mais trop coûteuses. De plus, leur écobilan est pour le moins contestable.

[2]
Prenons le cas d'une famille habitant dans une maison à jardin familial. Pour passer au nouveau système, cette famille n'aura que peu de frais. En adoptant une bonne toilette sèche, l’évacuation des eaux grises se fera avec la tuyauterie de drainage, déjà présente. Le passage à la valorisation de ses eaux savonneuses n’entraînera aucun frais supplémentaire. En été, les eaux grises serviront à l'irrigation du jardin – sans le moindre traitement préalable. En hiver ces eaux, après passage dans une fosse septique, seront déversées soit dans un puits perdant, soit dans une cavité de dispersion. On peut aussi envisager la photo-épuration.

Toilettes sèches et idées fausses

La première idée fausse est la séparation de la matière fécale et de l'urine

Un concepteur danois de toilettes sèches a exposé un jour à une conférence publique organisée par un architecte bruxellois [3] que « les animaux dans la nature ne défèquent et n'urinent pas nécessairement à la même place ». Il serait donc tout à fait « naturel » de séparer les deux effluents. Cette justification manque de données scientifiques.

[3]
Cet architecte est Pierre Deru dont les travaux sont admirables dans le domaine de la réhabilitation des logements urbains insalubres. Contact: Pierre Deru, 34, rue Florémond, B-1325 Chaumont-Gistoux, tél./fax: 0032.(0)10.24.88.35, Courriel: aadd@skynet.be site: http://www.architectes-aadd.be

Il vaut mieux dire franchement qu'on sépare les deux pour des raisons de commodité technique: la volonté d'espacer les manutentions des effluents. L'urine, facile à stocker dans un réservoir séparé, constitue 90% de la masse de nos déjections. Les fèces desséchées occupent peu de place. Dès le moment où l'urine est évacuée de la toilette par simple écoulement, l'enlèvement du peu de matière solide qui reste peut attendre plusieurs mois. Grâce à cette astuce, l'usage de la toilette sèche s'apparente à celui d'un WC. L'usager de passage ne voit pratiquement pas la différence.

La séparation de l'urine fait automatiquement émerger le problème des odeurs. Comme nous allons le voir à propos de la toilette à litière biomaîtrisée, la clef de la maîtrise simple des odeurs se trouve précisément dans la réunion de l'urine et de la matière fécale avec la litière. Lorsqu'on sépare les deux, les odeurs apparaissent des deux côtés. Pour les évacuer, il faut un système de tuyauterie et de ventilation forcée.

Vous pouvez voir plus d’information en visionnant l’interview vidéo de Joseph Országh réalisée par Pierre L’écoleau au sujet des toilettes à séparation.

La deuxième idée fausse est d'assimiler les fèces desséchées à de l'humus

La majorité des toilettes sèches du commerce fonctionne suivant le même principe [4]. En consultant les catalogues hauts en couleur de ces toilettes, on relève la discrétion concernant le devenir des urines. Mais ce qui est le plus choquant, c'est qu'on appelle « compost » un produit qui n'est rien d'autre que des fèces desséchées. Leur épandage dans le jardin équivaut à y faire ses besoins.

[4]
Les toilettes sèches où l'on ne sépare pas l'urine et les fèces sont mieux, mais cela ne suffit pas. Même l'ajout de la litière doit répondre à des critères bien précis. Pour la conception d'une bonne toilette, il faut connaître les processus de formation des sols. Les concepteurs et vendeurs des toilettes sèches n'ont pas le « privilège » de la méconnaissance de la nature de l'humus. Lors de nos discussions avec des techniciens en génie sanitaire, il est stupéfiant de constater l'étendue de leur ignorance en matière de pédologie (étude des sols), notion pourtant capitale pour connaître les impacts environnementaux des différentes toilettes et de l'épuration.

La troisième idée fausse est de croire que l'urine stockée peut être utilisée dans le jardin – sans nuisances

L'urine est recueillie dans un réservoir où, grâce à l'action d'un enzyme toujours présent dans l'urine [5], l'azote organique se transforme assez rapidement en ions d'ammonium. C'est ce qui explique l'odeur d'ammoniac (NH3) de l'urine qui séjourne quelques heures dans un pot de chambre ou dans un seau hygiénique. Environ 80% de l'azote organique de nos déjections se trouve dans l'urine. On comprend donc l'importance du devenir de l'urine pour le milieu récepteur.

[5]
Il s'agit de l'uréase. Cet enzyme est capable d'hydrolyser (décomposer en utilisant une molécule d'eau H2O) l'urée [carbamide : (NH2)2CO] en ammoniac NH3 et en dioxyde de carbone CO2. Ce processus est parfois assez rapide, ce qui explique, entre autres, l'odeur d'ammoniac de l'urine stocké même dans un vase de nuit.

En fait, sous forme ammoniacale, l'azote ne peut suivre dans la nature que le chemin de l'oxydation. Il se forme ainsi des ions nitrite (NO2-) particulièrement toxiques qui s'oxydent en nitrates (NO3-). L'urine stockée dans le réservoir de la toilette devient un concentré d'ammonium contenant des ions de nitrites et de nitrates. Le nitrate d'ammonium formé est un engrais chimique courant, ce qui explique « le pouvoir fertilisant » de l'urine épandue. Ce qu'on oublie est que les composés ioniques comme le nitrate d'ammonium accélèrent la vitesse naturelle de la décomposition de l'humus. L'épandage d'urine détruit donc l'humus du sol.

Les constructeurs des toilettes sèches recommandent d'utiliser l'urine stockée en la diluant 8 fois pour l'irrigation des plantes. Après avoir ajouté de l'eau pour diluer 8 fois l'urine (12 litres par jour par personne), l'économie d'eau annoncée devient plus modeste. Au niveau du sol, le véritable problème réside dans le processus de percolation et d'oxydation de l'ammoniac contenu dans le liquide. Sous forme ammoniacale (NH4+), l'azote s'infiltre encore plus facilement et rapidement [6] dans la nappe phréatique que sous forme nitrique et constitue une pollution particulièrement pernicieuse. Affirmer donc que les urines stockées et diluées peuvent être utilisés sans nuisances dans le jardin (voir l'article « Divine urine = source fertile ») est une position qui ne peut être justifiée que par l'ignorance des processus qui ont lieu dans l'urine stockée et ceux qui régissent la vie du sol.

[6]
En raison de la petite taille des ions d'ammonium NH4+.

En résumé, l'épandage de l'urine dans le jardin s'apparente à celui du lisier d'élevage dans les champs agricoles. Le même raisonnement s'applique aux fèces desséchées aui aboutissent au jardin. Normalement, ce type d'épandage est également soumis aux mêmes règlements que celui du lisier d'élevage. La quantité d'azote (N) épandu sous forme de lisier ne peut pas dépasser 200 kg par an par hectare (en Europe). Pour épandre donc avec l'urine et les fèces les 5 kg d'azote que « produit » annuellement une personne, il faut un jardin d'au moins 250 m² par personne. En dessous de cette valeur, il y a dépassement des normes européennes d'épandage agricole de l'azote.

La quatrième idée fausse est de croire que l'avantage principal des toilettes sèches est l'économie d'eau

Nous avons vu, à propos de la dilution de l'urine avant son utilisation dans le jardin, que l'économie d'eau est moins importante qu'annoncée. Cette idée en entraîne une autre, encore plus grave: le but principal de la toilette sèche est d'éviter de polluer l'eau. Sans nier cet aspect, il faut attirer l'attention sur le fait que l'urine épandue dans le jardin est susceptible de polluer plus nos réserves d'eau potable que l'épuration classique des eaux fécales. Le corollaire de cette idée fausse est de croire qu'une bonne épuration des eaux fécales répare les dégâts causés par l'usage classique des WC. C'est l'erreur la plus lourde de conséquences. C'est ce qui conduit les personnes motivées pour la protection de l'environnement vers les systèmes d'épuration par les plantes. Au risque de nous répéter, nous devons insister sur le fait qu'il n'y a pas de bonne méthode pour épurer les eaux-vannes. Le gâchis est fait au moment où les eaux-vannes (eaux fécales) sont mélangées avec les eaux grises (savonneuses) avant épuration. Ce gâchis est irréversible [7].

[7]
Cette affirmation est particulièrement vraie dans le cas des élevages d'animaux sur caillebotis. La nuisance générée par l'épandage du lisier sur les terres trouve précisément son origine dans la transformation de l'azote organique des déjections en azote ammoniacal et nitrique pendant le stockage du lisier. C'est le même phénomène que celui qui a lieu dans le réservoir de stockage d'urine des toilettes sèches du commerce.

Un exemple typique de toilette sèche dite « moderne »

Une toilette sèche récemment lancée par la société Creapills illustre bien les erreurs qu'on peut faire en ignorant les mécanismes de la formation des sols vivants. D'après les concepteurs, « Vous ne les utiliserez jamais… mais elles ont pour but d'améliorer les conditions sanitaires de 2,5 milliards de personnes dans le monde. Et c'est très ingénieux! ».

L'intention est louable, mais cette toilette possède plusieurs défauts pratiques et conceptuels. Deux idées justes ont effectivement été prises en compte: le fait de ne pas jeter les déjections dans l'eau et le fait que celles-ci doivent intégralement retourner dans le sol.

La conception d'une toilette sèche, en plus des compétences mécaniques, demande aussi des connaissances dans des domaines comme la biologie, la pédologie, l'agriculture, mais aussi en électrochimie. La toilette Creapills, n'a malheureusement pas intégré le 3e principe de l'Assainissement Écologique ou SAINECO: introduire les déjections dans le sol, mais pas n'importe comment!

Parmi les défauts pratiques nous pouvons citer la complexité mécanique (probabilité élevée de pannes) et le prix élevé. Nous pouvons aussi émettre des réserves sur l'efficacité du nettoyage automatique de la cuve, on peut aussi craindre l'encrassement de la vis sans fin pour remonter les fèces. Question: en installant la toilette à l'intérieur d'une habitation, comment se fait la maîtrise des odeurs?

Comment utiliser une TLB en appartement urbain?

Comme nous l'avons indiqué plus haut, l'usage urbain des toilettes sèches est pratiquement irréalisable.

Une proportion croissante des habitations en milieu urbain sont des immeubles collectifs comportant 6, 10, 100, voire 300 logements et plus, répartis sur 3, 4, 10, voire 20 étages et plus. La plupart de ces habitations ne sont pas desservies par des jardins où l’on puisse faire du compostage et entretenir un potager. Donc à toute fin pratique, la TLB est sans intérêt à cet égard pour les habitants d'appartements urbains.

Même en présence d’un jardin, le transport de la litière ou des effluents de sa TLB, du logement au jardin et vice versa, se ferait via des escaliers ou des ascenseurs avec toutes les complications que cela peut engendrer.

Réservons donc ces toilettes pour les habitations familiales munies d’un jardin facilement accessible, dans lequel on peut faire du compostage et cultiver son potager ou ses platebandes fleuries.

La loi de base des écosystèmes

La lecture de ce paragraphe n'est pas indispensable, mais utile pour comprendre le pourquoi des conseils donnés plus haut.

Le lecteur peut se demander à juste titre, ce qu'il faut faire si l'usage d'un WC raccordé à une station d'épuration est à déconseiller et que l'usage de certaines toilettes sèches du commerce est tout aussi nuisible?

Pour répondre à cette question il faut:

La loi de base

Pour commencer, voici l'énoncé de cette loi:

Chaque kilogramme de biomasse végétale et animale qu'on ne réintroduit pas d'une manière conjointe dans le processus de formation des sols, affaiblit la capacité de production de l'écosystème et devient une menace de pollution des eaux et/ou de l'air. Il en résulte toujours une perturbation des grands cycles naturels comme celui de l'azote, du phosphore du carbone et aussi de l'eau.

Qu'est-ce que la « biomasse végétale ou animale »?

Biomasse végétale Biomasse animale
Bois, feuilles mortes, pailles, tiges, fanes, rafles, déchets de papier, etc. Dépouilles des animaux et des humains, déjections animales et humaines.
Riche en carbone, pauvre en azote. Riche en azote, pauvre en carbone.
Rapport carbone/azote (C/N) élevé (jusqu'à 300). Rapport carbone/azote (C/N) peu élevé (environ 7).
Sans l'association judicieuse de ces deux types de biomasse et leur introduction dans le processus de formation des sols, il n'y a ni gestion de l'eau, ni production alimentaire durables.
A contrario: la mobilisation et l'introduction dans le processus de formation du sol de toute la biomasse disponible sortirait le monde de ses problèmes d'eau et de ses problèmes alimentaires en moins de deux générations, sans mobiliser des capitaux importants. C'est aussi la voie vers la maîtrise des changements climatiques.

Si l'on examine les causes premières de tous les problèmes d'eau rencontrés dans le monde, on découvre à la base des décisions incorrectes relatives à la gestion de la biomasse. La destruction massive de celle-ci sous prétexte de « valorisation énergétique » ou « d'épuration » déséquilibre de plus en plus la biosphère jusqu'au point de rupture. Même une partie, non négligeable, des changements climatiques provient de la gestion incorrecte de la biomasse.

La biomasse fécale humaine est loin d'être une « quantité négligeable ». L'azote contenu dans les déjections de l'humanité représente une masse équivalente à 40 % de l'azote utilisé dans l'agriculture mondiale. Dans le règne animal terrestre (grands animaux), la biomasse humaine se situe à la troisième place après les bovins et les insectes et avant les porcins. Lorsqu'on envisage la gestion durable de la biosphère, la destruction massive des déjections humaines sous prétexte d'épuration est une forme de suicide collectif. En ce sens, le principe même de l'épuration des eaux fécales, quel que soit le système utilisé, est incompatible avec le concept du développement durable [8].

On comprend mieux cette idée, en lisant la page consacrée à l'importance de l'humus au chapitre consacré aux éléments de l'assainissement écologique.

Pour satisfaire les exigences de la loi de base, il faut trouver les solutions techniques qui reconduisent nos déjections conjointement avec la biomasse végétale dans le cycle de formation de l'humus. La toilette à litière biomaîtrisée (TLB) constitue une des réponses possibles à cette exigence. L'autre conduit vers la collecte et traitement sélectifs des eaux vannes et des eaux grises.

[8]
Un des premiers WC à chasse d'eau a été construit en Angleterre par le plombier Thomas Crapper à la fin du 19e siècle. Au début, il s'agissait d'une installation réservée uniquement aux riches. Son impact environnemental était donc limité. Les hommes subjugués par les idées hygiénistes y voyaient la solution définitive des problèmes de salubrité des villes. Ils ne pouvaient pas encore prévoir le désastre environnemental provoqué par la généralisation des W.-C. raccordés à un système d'épuration. C'est la combinaison des deux (W.-C. + épuration) qui constitue une nuisance majeure. Nous savons actuellement que la solution alternative consiste à ne pas produire des eaux vannes et utiliser de bonnes toilettes sèches où bien collecter les eaux vannes concentrées et de les valoriser par compostage thermogène produisant de l'humus pour le sol, et de l'énergie à basse température pour le chauffage des habitations. Les W.-C., tels qu'on les utilisent actuellement, doivent donc être considérés comme un accident de l'histoire humaine, une erreur qu'il est grand temps de corriger. Ce qui est inquiétant, c'est que de nombreux techniciens en génie sanitaire sont restés dans la mentalité hygiéniste avec les techniques inventées au 19ème siècle.

En résumé, que faut-il alors revoir dans notre relation à nos excréments ? Il faut admettre une fois pour toutes que nos déjections ne sont pas des déchets à épurer, mais font partie intégrante de l'écosystème qui nous fait vivre. Notre alimentation vient de la terre, nos déjections doivent y retourner, mais suivant un processus qu'il vaut mieux connaître afin de ne pas commettre de fautes irréparables.

À ce sujet, lire le prochain chapitre sur Notre relation à nos déjections.

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